Paris-Brest-Paris (PBP) 2023

Quelques notes après ma 4ème participation

C'est parti pour 1200 km ! 

 

P comme Plan de route 

C'est bien de faire un plan de route, cela fait un objectif à suivre, mais il faut savoir en sortir et l'adapter en cas d'imprévu.

Ce plan doit être réaliste, c’est ce que l'on pourra faire, pas ce qu'on voudrait faire.

 

J'ai pris comme plan mes temps de passage de ma participation en 2015, en 75 heures. 

Ce plan permet de limiter la route de nuit (sauf la première nuit, obligatoire), de dormir comme il faut et surtout d'arriver juste avant la 3ème nuit. De plus, en partant dans les premiers groupes de 90 heures, les contrôles ne sont pas saturés.

 

A comme Assistance

Assistance ou pas ? est une question spécifique à PBP : sur les autres grands brevets, l’assistance est rare. Les organisations proposent la livraison sur un ou deux  contrôles d’un petit sac d’affaires personnelles, ce qui permet d’avoir une tenue de rechange sans la transporter, à laquelle on joint une batterie chargée, et quelques ustensiles de dépannage et parfois des friandises pour le moral.

J’ai fait mes trois premiers PBP sans assistance. Lors de la préparation, quand Dominique (Moreau) me demande ce que j'attends de l'assistance, je dis que cela me permettra d’avoir un vélo un peu plus léger.

 

Mon plan de route m’a fait passer à Loudéac les après-midis, donc en dehors des périodes  de sommeil. J’ai profité de mes deux arrêts "au stand" pour manger, me doucher, me changer, discuter et prendre des nouvelles des autres participants. Une heure à chaque fois bien occupée !

 

Un grand merci à Dominique et Yves pour tous leurs efforts dans l’organisation et leur soutien pendant la randonnée !

 

R comme Rambouillet

C'est le 2ème départ de PBP de Rambouillet ("Rameboyette" en anglais). Le parc a été bien mieux utilisé qu'en 2019, puisque le château a été mis en valeur, le départ et l'arrivée étaient dans l'allée principale et nos fesses meurtries ont évité les pavés rustiques de la bergerie à l'arrivée.

Il me semble que cela a permis une meilleure intégration dans la ville et plus de partages avec la population.

Que reste t-il à améliorer ? plus de toilettes !

 

I comme Itinéraire

Le parcours de PBP a été modifié essentiellement en Bretagne, l'objectif est d'éviter les croisements des cyclos sur l'aller avec ceux sur le retour. Ces croisements rendaient les dépassements par les véhicules difficiles. Leur suppression réduit aussi les risques d'ébouissement des cyclos par les phares de ceux arrivant en face.

On ne monte plus le Roc'h Trevezel qu'à l'aller, on évite ainsi la route à camions entre les monts d'Arrée et Carhaix.

La nouvelle route de retour entre Brest et Loudéac est donc différente et passe par Pontivy. C'est plus varié, le nouveau parcours est bien ondulé avec des petites bosses raides, c'est un terrain que j'apprécie.

Le parcours entre Tinténiac et Fougères est différent à l'aller et au retour et m'a semblé plus difficile que l'ancien.

 

S comme Sommeil

10 heures de sommeil au total, 3 douches, 10 heures de pause hors sommeil, et donc 55 heures de vélo.

J’aime bien dormir à Brest : depuis 2015, il y a des chambres à deux lits, c'est confortable et calme. A Fougères c'est plus rustique (matelas de gymnastique) mais c'est juste au bon endroit pour la 2ème nuit.

On m'a dit que 10 heures de sommeil c'est beaucoup trop, mais sur 3 jours, ça ne fait que 3h20 par nuit. Et c'est la garantie de ne pas avoir sommeil sur le vélo pendant l'épreuve.

 

B comme Bagages

En autonomie, il est difficile de partir avec moins de 3 ou 4 kg de bagages (ça va vite : un imperméable, une tenue de rechange, et le minimum pour réparer, un GPS, une batterie, un phare, etc.).
Avec une assistance qui suit à chaque contrôle, le vélo n’est pas plus lourd que pour une sortie du dimanche. On peut prendre et laisser des affaires  selon les besoins à chaque étape.
C’est deux manières différentes de faire l’épreuve.

 

R comme Roc’h Trevezel

C’est le point culminant de PBP et de la Bretagne. Il culmine à 385 mètres, mais la route passe à 350 mètres. Le parcours entre Carhaix et Sizun via le Roc’h Trevezel est la partie que je préfère : la traversée de Huelgoat, la remontée du Fao (la rivière d'argent) et la lande après la Feuillée jusqu’en haut du Roc’h.

Cette année, le Roch Trévézel n’a été gravi qu’à l’aller.

 

E comme Encouragements

C'est la vraie magie de l'épreuve qui la distingue de tous les autres brevets de longue distance.

Les encouragements au bord de la route et aux contrôles, de jour comme de nuit, les gamins qui veulent taper dans la main, les tables improvisées devant les maisons pour offrir de l'eau, du café mais aussi du gâteau et même des crêpes... 

Selon moi, les meilleures ambiances sont à Villaines-la-Juhel et à Loudéac, quand on arrive aux contrôles en fin d’après-midi. 

 

S comme "Schermer's neck syndrome"

C’est le nom du mal de “la tête qui tombe”. Ce ne sont pas des crampes : il n'y a aucune douleur. Les muscles du cou "lâchent" simplement et la tête tombe vers l'avant. On ne peut regarder qu’un ou deux mètres devant soi.

J’ai eu ce problème pour la 1ère fois à la fin de LEL 2017, puis à la fin de PBP 2019. Comme cela peut faire abandonner, j’ai étudié ce qu'on pouvait faire pour l’éviter.

Ce que j’ai changé en bref : une position du cintre plus haute pour moins solliciter le cou, un casque plus léger, mon cou préparé par une petite gymnastique spécifique, des repos plus longs pendant les épreuves pour permettre une vraie récupération musculaire, une protection du cou dès que la température se rafraîchit.

Tout ça semble marcher : pas de problèmes sur LEL 2022 et PBP 2023.

 

T comme Triathlon (guidon)

Première année où ils sont officiellement autorisés. Il y en avait déjà les autres années mais ils étaient montés par les cyclos après le contrôle des vélos. Un cyclo sur 3 ou 4 en était équipé cette année. Pour beaucoup, c’est le moyen d’avoir une position pour soulager les poignets et les mains.

La position repose les poignets, fait gagner de la vitesse mais sollicite plus le cou… c'est un compromis à trouver.

 

Nous venons de faire P.A.R.I.S-B.R.E.S.T, maintenant ne reste plus qu’à retourner à P.A.R.I.S.

C’est un peu long à lire, mais encore plus long à faire en vélo !

 

Arrêt au stand après MortagneDépart de Loudéac direction Brest

P comme Paysages

La Bretagne offre les plus beaux paysages : les landes des Monts d’Arrée, la vue sur la rade de Brest du pont Albert Louppe, et les vieux granits des villages bretons.

A l’opposé, les portions entre la vallée de l’Eure et le Perche sont plates et sans grand intérêt. A l'aller, ça passe avec l’enthousiasme du départ et la nuit qui tombe, mais au retour dans l'après-midi, une fois sorti du Perche, la route vers Dreux m’a semblé très longue.

Entre les deux : des champs et beaucoup de bocage ordinaire.

 

A comme Audax

Partout dans le monde, les brevets à allure libre en temps limité selon le règlement de l’ACP sont appelés "Audax".

Partout ? non, sauf en France, le pays d'origine, où les “Audax” sont ceux qui roulent en groupe à allure contrôlée.

Il y a donc en France deux  clubs ayant Audax dans leur nom : l’ACP (Audax Club Parisien) et l’UAF (Union des Audax Français) qui font tous les deux de l’Audax mais pas le même Audax. Ils sont compliqués ces Gaulois !

 

R comme Records

Cette année, un américain a battu "le record". Dans une interview, il explique que sa force est de manger en roulant. Il n'est descendu de son vélo qu'une heure et demie en tout. Sa nourriture principale a été des bonbons H.r.bo, bien qu'il admette qu'à Brest il avait envie d'un sandwich américain que son assistance a été chercher en ville.

 

Autre record, l'estimable président du club d'Angers a réussi à 76 ans son 13ème PBP sur 13 participations. Il les a donc tous faits depuis 1975. Le record de réussite "étranger" est un Espagnol avec quand même 11 succès.

 

I comme International

71 nationalités étaient représentées. Les Français sont minoritaires depuis 2003 et ne représentent qu’environ 25% des inscrits dans les dernières éditions.

Nos voisins Allemands et Britanniques sont les plus nombreux (avec 759 et 554 inscrits), mais la distance n’est pas un obstacle pour participer, puisqu'étaient inscrits 460 Américains (USA), 360 Japonais, 200 Indiens, et 135 Brésiliens.

 

S comme Statistiques

 

6431 cyclos se sont élancés de Rambouillet.
Le temps moyen en 2023 est de 79 heures mais la moitié des randonneurs a mis plus de 81 heures.
Le taux de succès des dernières éditions fluctue autour de 75%.

Le taux de succès des pays d’Asie (Inde, Philippines, Thaïlande, Hong-Kong) est faible (moins de 50%), cela s’explique par le décalage horaire, les climats différents et un relief plus bosselé que dans leurs pays mais ce sont les participants les plus souriants !

 

Le taux de participation des féminines est resté entre 5 et 6% jusqu'en 2015. Depuis 2019, il est à plus de 7%. La participation des féminines françaises (5,6%) est plus faible que le taux général (7,4%). La Suisse, l'Indonésie et la Thaïlande ont le plus fort taux de féminines.

En cherchant sur le site du club et dans le big data de PBP, j’ai identifié 75 participations à PBP pour 51 réussites, soit un taux moyen de réussite d'environ 67% (la traçabilité n’est pas facile à cause des changements de club : certains ont fait des PBP avant d’entrer au club, d’autres en ont fait après leur départ du club)

 

En conclusion…

Un merci général à tous ceux qui contribuent à rendre Paris-Brest-Paris possible, en particulier à tous les bénévoles qui assurent de nombreuses missions.

Merci à Dominique & Yves pour leur soutien pendant l'épreuve, aux membres du club présents à Rambouillet au départ et l'arrivée, et à la mairie de Croissy pour son aide.

Thierry Streiff