LEL (Londres Edimbourg Londres - août 2022)
Le Rayon Croissillon (LRC) : C'est pas trop difficile d'aller faire ces brevets si loin ?
Si on parle un minimum anglais ce n'est pas difficile.
Le problème principal est de transporter son vélo avec la garantie qu'il arrive, et en bon état. On voit déjà comme c'est compliqué de voyager avec son vélo en France.
LRC : Quelles sont les grandes différences entre Londres-Edimbourg-Londres (LEL) et Paris-Brest-Paris (PBP) ?
C'est plus long (25% de plus quand même), il y a moins de participants (environ 1500 contre 6000 pour PBB), il y a bien moins de Français (seulement 25 ou 30 cette année), les contrôles sont plus petits mais mieux organisés.
LEL ne bénéficie de la popularité de PBP, donc il n'y a pas de spectateurs au bord des routes, ou de stand "spontané" pour boire un café ou manger une crêpe. Par contre, l'ambiance entre cyclos et le support dans les contrôles sont plus sympas.
Très peu de cyclos ont une assistance, l'organisation transporte deux petits sacs vers deux contrôles au choix : il n'y a donc pas la noria de voitures et camping-cars que l'on voit sur PBP.
LRC : C'est plus dur que PBP ?
Le dénivelé moyen par kilomètre est similaire mais moins bien réparti : il y a des étapes très plates et des étapes bien accidentées. Les routes britanniques ont tendance à monter les collines tout droit, ce qui fait qu'il y a beaucoup de petites bosses bien raides. Une autre difficulté est que les routes sont globalement plus abimées et plus granuleuses qu'en France et ça finit par fatiguer.
LRC : Pas trop difficile de rouler à gauche pendant 1500 km ?
Pas vraiment car il y a une logique. Par exemple, les ronds-points tournent dans l'autre sens, mais c'est naturel quand on roule à gauche.
Il faut surtout faire attention quand on est tout seul, par exemple en sortant d'un contrôle car rien ne rappelle alors qu'il faut se mettre à gauche. Également en cas de danger ou de croisement difficile, notre réflexe "français" est de serrer à droite, là-bas c'est le "mauvais" côté.
Sur les routes britanniques, il y a très peu de panneaux routiers, et en cas de danger, il est simplement écrit "SLOW" ("ralentissez") sur la route. Aussi, les stops sont très rares, il n'y a que des "laisser-le-passage", ce qui est bien agréable. J'ai traversé Cambridge, une ville de 150 000 habitants et je n'ai pas eu à m'arrêter plus de deux ou trois fois.
LRC : Comment as-tu trouvé les conducteurs anglais ?
Quand une voiture arrive derrière un cyclo ou un groupe de cyclos et qu'il y a un virage, une voiture en face ou un manque de visibilité, la voiture attend toujours avant de dépasser. C'est un gros progrès par rapport à ce que nous vivons en France. Mais le respect est général : les cyclos anglais respectent les feux, et s'arrêtent pour les piétons. Globalement il y a un respect de tous qui fait qu'on se sent plus en sécurité que sur nos routes.
LRC : Tes conseils pour réussir ce genre d'épreuves ?
Je ne crois pas aux conseils qui s'appliquent à tout le monde, je peux seulement dire ce je fais.
Un brevet de 1500 km ce n'est pas enchainer 15 sorties club de suite. Le cyclo et le vélo doivent être configurés différemment.
Physiquement, je dors un peu toutes les nuits, je ne change pas mes horaires de repas, et je me douche régulièrement.
Mentalement, je suis concentré sur une seule chose : finir dans le délai. Je fais un plan de route que j'estime raisonnable mais je suis prêt à en changer si ça ne marche pas.
LRC : Feras-tu le prochain LEL ?
Le prochain est recalé deux ans après PBP donc en 2025. A date je pense que je n'irai pas : je l'ai déjà fait deux fois et j'aime bien les routes nouvelles. Donc en 2025 s'il y a un nouveau brevet qui me tente, je choisirai plutôt la nouveauté.
Thierry STREIFF.
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