28 mars 2021 : 200 km de Flins, enfin presque...
Le confinement à 10 km autour de la maison a réduit à néant mes espoirs de participer au 200 km de Flins. Comme la préparation a été correcte et que les dernières mesures me laissent peu d’espoir pour les semaines qui viennent, je me prépare un 200 km en local à tourner en rond.
La difficulté sera d’accepter dans la tête de faire 4 tours de 51 km ; je place donc la voiture à l’endroit judicieux. J’y place un peu de ravito, cela reconstituera les contrôles du BRM : 3 ravitos comme les 3 contrôles de Flins, un tous les 51 km à peu près.
Départ à 7H16, il fait encore sombre, la lune est belle, je garde l’image en mémoire, tout comme le joli faisan que je croise au bout de 2 km. Ces images seront vers quoi je me tournerai pour oublier un peu que le parcours de la station d’épuration n’a rien de passionnant.
Les kilomètres passent, ne pas forcer, surtout ne pas forcer, rouler peinard, et essayer de s’extraire de la routine de la route de la station d’épuration et ses odeurs pas franchement sympa, puis Poissy, les Loges et un morceau de St Germain. Route des Princesses, côte de l’Etang la ville, la route Plantée, descente de Monte Cristo, passer sous le pont du Pecq, se diriger vers le Mesnil puis Maisons Laffitte. Un tour de fait, je minute le ravito, 10 minutes histoire d’avaler un sandwich, de finir la gourde, de la remplir et ca repart.
J’ai bien fait de me presser, un groupe de triathlètes passe et m’amène sans trop d’effort à un train correct vers Poissy. Je sors de ma bulle pour me laisser hypnotiser par la roue du dernier du groupe, je sens qu’on file bien, je regarde un peu le compteur, quasiment toujours au-dessus de 30 km/h. A Poissy le train du Triathlon change de direction, je continue sur mon trajet ; immédiatement, je me replonge dans ma bulle et de nouveau hors de question de faire un effort de trop, je roule au train peinard, sans mollir mais sans forcer.
Je croise quelques cyclos du club, deux trois mots échangés pas plus, je reste dans ma bulle, je m’y enferme, je me raconte des histoires, je réfléchis à des sujets pour lesquels je ne trouve jamais de temps, je reviens sur mes images de jolie lune ce matin et de faisan au clair de lune, je calcule tout un tas de choses, l’idée est de ne pas se demander ce que je fais là à tourner en rond à 10 km de la maison.
Il tourne, tourne dans ma tête, les images de mon chemin
Le vent forcit encore. C’est vrai il est là depuis ce matin, je m’en rends compte seulement maintenant.
La traversée de la zone d’Achères se fait sans plaisir, d’autant qu’il y a plus de voitures ; il faut à la fois rester dans sa bulle pour ne pas se mettre à gamberger et garder un peu de clairvoyance pour faire gaffe aux voitures. Je vois passer les endroits, ils sont connus mais là encore je cherche à ne pas trop les voir.
J’arrive à mon troisième stop pour ravitaillement, j’enlève la veste, je mange un peu, remise à niveau du bidon, et c’est reparti dans l’autre sens.
Ca me changera de routine, c’est presque un nouveau parcours, Monte Cristo en montée cette fois ci. Je croise deux cyclos du club, je m’arrête pour un rapide échange ; dans ma tête, j’ai fini, il reste moins de 30 bornes, la route des Princesses en descente, slalom géant entre les promeneurs.
Pas sûr que limiter à 10 km la longueur de « la laisse » soit le meilleur moyen d’éviter que les gens s’entassent. J’arrive finalement assez vite à Poissy et là, vent de dos sympa pour terminer, j’en profite pour appuyer un peu.
Arrivée 16H50: cela fait 9h34 que je suis parti pour 8h49 roulé. Là, une fois arrêté, au moment de reprendre la voiture, je peux me dire que cela n’a guère d’utilité de tourner en rond comme cela. Parfaitement inutile, totalement futile donc primordial en ce moment.
Tourner en rond n’a pas été un gros souci, mais n’apporte guère de plaisir, c’est un voyage à l’intérieur de soi. Finalement ce sont les feux rouges en ville, leur nombre qui m’a semblé le plus pénible et le fait de croiser de nombreux promeneurs en forêt sur les routes empruntées. En espérant que le confinement se termine bientôt, il restera une possibilité de retourner à Flins, ils ont un 300 et un 400 le même jour. Et se projeter c’est peut être cela qui permet de rouler encore malgré les contraintes dont j’avoue ne pas comprendre la subtile légitimation.
Bruno Bordier